Torgrimarr
Le jour s’annonça par un grand déploiement d’or et de flammes, dans l’air humide, où le soleil émergeait de derrière les montagnes, le vent caressant son visage lui était d’une douceur remarquable. Il fixait l’horizon, les yeux brillant, et s’emplit les poumons de ce bon air frais venant des montagnes. Le torse fièrement bombé, il appréciait ce moment de tranquillité et de méditation.
Son cheval s’ébrouant et piaffant bruyamment, il le talonna, tout en tirant les reines vers sa dextre, afin qu’ils fassent demi-tour et qu’ils redescendent de la petite saillie rocheuse, où ils s’étaient juchés.
Dans la jungle, le chant de moult oiseaux et insectes tropicaux retentissait et emplissait leurs oreilles, contraste naturel avec la paix qui leur avait été offerte sous les chauds rayons du soleil de l’aube. Il jouait des pieds et des mains afin de mener sa monture dans l’abondante végétation de cette impénétrable forêt, écartant, à l’aide de sa hache, par-là une branche basse ou une liane trop nuisible; dérangeant ça et là quelques serpents, araignées ou autres bestioles et provoquant parfois l’envol d’insectes bourdonnant tels que ces immenses coléoptères ou ces gros moustiques, faisant quasiment la taille d’une main d’adulte.
Accoutumés à la rigueur d’un climat du Nord, Vaillantif et lui suffoquaient et haletaient, lui dans son armure de guerrier et l’autre dans la pelisse dont on l’avait houssé afin de le protéger des piqûres.
Ils avaient dû se perdre car, bien qu’apercevant les montagnes tout droit au loin et marchant depuis plus d’un jour en cette direction, ils semblaient ne jamais s’en être rapprochés. Depuis qu’ils avaient quittés leur petit drakkar, Torgrimarr et son cheval n’avait bu que l’eau souillée d’une marre et manger que d’étranges fruits, longs et jaunes, ainsi que, dans le pire des cas, quelques insectes qu’il avait réussi à attraper.
Torgrimarr, fit s’arrêter Vaillantif, bondit au sol et y posa un genou. Il ferma les yeux et murmura une courte prière à ses ancêtres. Durant ce bref moment de recueille et de quasi-silence, Torgrimarr crut entendre le bruissement d’une rivière toute proche. Vivement, il se redressa et se saisit des reines. Il guida son cheval qui le précédait à travers la faune, s’arrêtant parfois pour prendre le temps d’écouter, jusqu’à ce qu’il arrive à l’endroit d’où provenait le son.
Brusquement, la végétation laissait place à une berge rocailleuse donnant sur une rivière, large d’approximativement 8 toises, où se reflétaient merveilleusement les rayons du soleil levant. Torgrimarr courut, suivit de sa monture, jusqu’au torrent d’eau et s’y engagea jusqu’au genou. Il s’arrosa et but allègrement, ainsi que Vaillantif qui hennissait de contentement. D’une main tenant sa hache, il recueillait l’eau de sa senestre en forme de louche.
Toutefois, à l’orée de la jungle et dans la rivière même, le danger, lui, guettait…